Ensemble, toujours by Carlos Ghosn & Carole Ghosn

Ensemble, toujours by Carlos Ghosn & Carole Ghosn

Auteur:Carlos Ghosn & Carole Ghosn [Ghosn, Carlos & Ghosn, Carole]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Autobiographie
ISBN: 9791032916520
Éditeur: Humensis
Publié: 2021-03-01T23:00:00+00:00


Carlos

Dans les jours qui ont suivi notre installation à Shibuya, j’ai fait venir une entreprise pour vérifier que le petit deux-pièces n’était pas truffé de micros. Elle n’en a pas trouvé. En même temps, je ne me fais pas d’illusions : il peut y avoir des écoutes à distance et je sais que mon téléphone portable est écouté puisque le juge, donc les procureurs ont le numéro. (Après m’avoir privé de mon Smartphone, le juge m’a attribué un vieux téléphone japonais monofonctionnel.) D’ailleurs, quand on m’appelle, pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté, je préviens tout de suite mon interlocuteur : « Vous savez qu’on est nombreux sur cette ligne ? »

Quoi qu’il en soit, ne connaissant pas l’étendue des contrôles me concernant, durant toute cette période de semi-liberté, j’ai agi et parlé comme si j’étais sous surveillance permanente.

Ce qui est à peu près le cas ! Parmi les contraintes liées à la libération conditionnelle, le juge nous a imposé une caméra à l’intérieur de notre couloir d’entrée pour savoir qui sont les visiteurs que je reçois, l’heure à laquelle ils sont arrivés et repartis. Dès que nous sortons, nous sommes suivis dans la rue par des hommes dont je suppose qu’ils appartiennent au bureau du procureur et qui n’essaient même pas de se cacher.

Malgré ce qu’on me fait subir, je conserve une grande affection pour les Japonais. L’énorme majorité d’entre eux n’a rien à voir avec ce que j’endure depuis quatre mois. Preuve en est, l’amitié que beaucoup me témoignent d’un sourire, d’un petit hochement de tête quand je les croise dans les rues, lors de mes promenades quotidiennes avec Carole. D’une manière générale, ceux qui me reconnaissent n’expriment aucune hostilité et beaucoup ne comprennent pas la haine avec laquelle on me traite. « Gambatte kudasai! », me dit-on souvent, ce qui signifie : « Accrochez-vous ! » J’en suis très touché.

J’ai aimé le Japon avec passion, et j’aime toujours ce pays et ses habitants. J’aime leur sens de la discipline, de l’organisation et leur politesse. Au travail, puisque c’est dans l’entreprise que je les ai surtout fréquentés, ces qualités rendent la vie très agréable. Je me reconnais dans ces valeurs. Ils possèdent un sens très développé de la communauté. Leurs villes sont propres, les rues, les lieux privés ou publics toujours impeccables. J’aime leur cuisine, bien sûr, et suis sensible à l’art japonais, un mélange de raffinement et de simplicité.

Quand je suis arrivé au Japon il y a presque vingt ans, j’ai été épaté par la propreté et la sûreté des rues ! En me promenant dans les rues de Tokyo, je ne peux pas m’empêcher de repenser à Seki et à tous ces procureurs qui répètent à qui veut les entendre que si le Japon offre une grande sécurité à ses citoyens, c’est que la justice est très sévère avec les délinquants, les criminels, tous ceux qui menacent la société. Et qu’il y a la peine de mort.

Je ne crois pas du tout que ce soient les vraies raisons.



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